Le robinet
- Vtunes
- 11 mars 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 août 2021
Les nuits sont de plus en plus chaudes, alors j'ai pris l'habitude d'ouvrir une fenêtre. Mais parfois, je suis réveillé par un bruit de torrent incessant. C'est insupportable. Moi qui dois déjà supporter le chien du voisin qui jappe à heures fixes après le couvre-feu. C'est permis, ça?
"Chéri, tu peux fermer le robinet s'il te plaît?"
Ça fait maintenant plus de vingt ans que j'habite Verdun, dans un quartier où si l'on porte le moindrement attention, le bruit des rapides de Lachine (qui sont à Lasalle) est audible en tout temps.
C'est beau la nature. Sauf qu'elle mène souvent exactement la même vie de fou qu'on se plaît souvent à dénoncer. Et les rapides de Lachine sont un hiatus brutal dans ce long fleuve tranquille. Impossible de se la couler douce ici.
Des rapides, c'est magnifique. À deux heures du matin, quand tu ne peux pas les voir, mais seulement les entendre déferler avec violence sur les rochers, ils sont moins poétiques. Retraité, j'irai les narguer en leur disant "Je sais m'arrêter."
Mon dialogue avec les rapides n'a rien d'anormal. J'ai toute ma tête. C'est eux les pire, après tout. Ils vont bien finir par s'épuiser! Ou bien je serai dur d'oreille avant et je me plaindrai de ne plus les entendre.
A-t-on déjà vu quelqu'un se plaindre de la nature? Je m'étonne moi-même, adepte de Pessoa et de ses contemplations sublimes. Mais justement, ce qu'il me faut ce sont des petits lents, pas des rapides!
J'ai toujours préféré le rythme de Brassens. Je veux aller vers l'autre monde en flânant en chemin.
Tiens, les lenteurs de Lasalle, quel bonheur. Je peux à peine les entendre couler tranquillement entre les petits cailloux. Un jour, ils se jetteront sûrement dans le fleuve.

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