Mon héron

Majestueux sur sa roche, il attend patiemment son poisson. Certainement pas presbyte comme moi, il s'élance avec justesse, gobe un malheureux dans son bec, puis l'engloutit sans même le déguster.

Mais ce n'est pas de ça dont je veux parler. C'est de la marmotte, celle qui a mangé mon kale dans le potager. À peine planté il est déjà disparu. Fauché dans la fleur de l'âge...

À deux pas d'ici, probablement le plus beau paysage québécois. C'est là où le héron pêche. Pourtant, mes voisins, lorsqu'ils prennent une marche, ce qui arrive rarement, partent invariablement dans la direction opposée.

Soupçonnent-ils seulement ce site enchanteur? Tous leurs déplacements semblent être motorisés, et dans la mauvaise direction! Aussi, ignorant que Montréal est un quadrilatère de rues, ils multiplient les "U" turn alors qu'il n'y a pas vraiment de place pour exécuter cette manœuvre efficacement.

C'est ça que ça fait le travail à domicile. On se met à remarquer des voisins qui nous tapent sur les nerfs. L'autre, je lui ai demandé il y a 15 ans d'arrêter d'utiliser des pesticides sur sa pelouse et il continue.

Je n'ai pas droit au bon voisinage ici. À part le voisin de biais, dont la maison est à vendre. Plus personne ne l'habite et aucun acheteur ne s'est pointé pour l'instant. Au moins, il ne me dérange pas. L'autre laisse sa fille s'époumoner sans lever le doigt.

J'habite un quartier privilégié et je n'ai pas à me plaindre. Quand l'outarde me monte au nez, car je vous le jure ça m'est arrivé, je vais m'asseoir près de la roche et je raconte mes malheurs au héron. Cette fois, il s'élance à deux reprises, sans succès. On dirait que ça va être une mauvaise journée.