Que de l'enchantement

C'est fort d'avoir finalement achevé Bonheur d'occasion et en pleine lecture de Ces enfants de ma vie de Gabrielle Roy que je me suis présenté à l'adaptation théâtrale de la détresse et l'enchantement, non sans peine.

En effet, pour me rendre à mon siège, il m'a fallu me promener dans les dédales du TNM et monter plusieurs étages avant d'aboutir à une section insoupçonnée du balcon, située juste au-dessus de la scène. En cette ère technologique, une application ou même un GPS n'aurait pas été du luxe.

Si deux minutes de lecture vous paraissent un objectif raisonnable, que dire de quatre-vingt-dix-minutes à réciter les moments forts d'une vie singulière et d'une oeuvre littéraire foisonnante.

C'est pourtant l'exploit que Marie-Thérèse Fortin a accompli mercredi soir devant un public conquis pendu à ses lèvres. Personnifiant tour à tour Gabrielle Roy elle-même, sa mère et ses hôtesses européennes, elle nous fait revivre de grandes pages de la vie de l'artiste, de son Manitoba natal, en passant par Lanaudière, Paris, Londres et le quartier Saint-Henri.

Les amateurs d'effets spéciaux seront déçus. En effet, c'est une performance oratoire émouvante et inspirée, accompagnée d'une mise en scène sobre, à laquelle les spectateurs sont conviés. Le théâtre au service de la littérature... ou l'inverse à bien y penser.

Cela étant dit, je me désole d'avoir raté plusieurs répliques importantes, car c'est un public enrhumé qui assistait à la magnifique pièce en même temps que moi. "Ça venait de quel roman la dernière réplique? Et à quelle page environ?" J'aurai peut-être la chance de me rattraper.

J'ai oublié de vous dire comment se termine Bonheur d'occasion. En fait, je le savais depuis le début, car depuis que j'ai vu When Harry Met Sally, je lis toujours les dernières lignes d'un ouvrage en premier. Comme ça, si jamais il m'arrive quelque chose en cours de lecture, au moins j'aurai su la fin. Aussi, ça permet de mieux savoir où s'en va le récit.

Un orage s'annonce... Ce n'est pas un gros "scoop". Probablement l'orage de la guerre. Quant à la détresse et l'enchantement, la pièce, je n'ai pas entendu la fin clairement. Plusieurs personnes se sont mouchées en même temps. Mais je crois qu'il était question du destin d'un oiseau.

Dès que je mets la main sur le roman, présentement non disponible à ma bibliothèque de quartier, je sais exactement par où je vais commencer. Après, je pourrai découvrir le récit à mon rythme, sans crainte de ne jamais connaître le dénouement.