Une nuit sans rêve(s)
- Vtunes
- 9 sept. 2018
- 2 min de lecture
Mon bloc-notes était prêt. Mon crayon aussi. Au réveil, j'allais consigner sur papier les rêves les plus fous de mon répertoire. Le moment venu, rien. Ou comme les scientifiques se plaisent à nous le rappeler, je ne m'en souvenais tout simplement plus.
Tout le monde rêve. On rêve tout le temps. C'est impossible de ne pas rêver. Il y a une seule chose de pire que de se faire dire "Tu as rêvé" après avoir relaté un événement ou un fait quelconque que les autres ne reconnaissent pas. C'est de constater par soi-même un beau matin que l'on n'a pas rêvé.
Le rêve est donné à tout le monde. ll est accessible quotidiennement et se présente sous de nouvelles formes à chaque fois. Ne pas rêver, surtout lorsque l'on a projeté d'utiliser ses propres rêves comme le matériau principal d'une nouvelle fiction est pour le moins décevant, en plus d'être extrêmement improductif.
Je suis maniaque avec mes rêves. Jamais l'idée ne m'est venu de les travestir, encore moins de les inventer de toutes pièces pour les besoins de la cause. Le fait d'avoir une récolte vide en me levant me déconcerte au plus haut point et me place dans un état de rébellion.
D'un autre côté, je réalise que mon projet n'est peut-être pas réaliste. Compter sur mes propres rêves est peut-être un pari risqué si je veux faire avancer mon projet. Je dois probablement m'en remettre à devenir un "écouteur de rêves", ce qui m'a d'ailleurs déjà traversé l'esprit.
À chaque matin, je pourrais faire le tri sur ma boîte vocale et utiliser les rêves les plus saugrenus partagés par mes lecteurs pour les intégrer à mon récit. Le tout est encore embryonnaire. L'oeuvre pourrait s'intituler "Les rêves des autres."
Pour revenir à ma nuit sans rêve(s), ça me rappelle "L'homme sans qualités" de Robert Musil, un autre livre que je n'ai pas lu. Avec "s" ou sans "s"? D'habitude, on a plus qu'une qualité. Mais je n'ai pas calculé on a combien de rêves en moyenne. D'où mon hésitation à trancher. C'est sûr que pour la nuit prochaine, je me contenterais d'un seul.
La page blanche n'est pas une option. C'est le temps de rêver.

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